Série "Les 3 anti-résolutions écologiques pour lâcher-prise en 2020" : Partie 1/3
J’ai le plaisir de commencer ce premier article de l’année 2020 en vous souhaitant comme il se doit tout le meilleur, pour vous comme pour vos proches, ainsi que tout le succès possible dans vos projets.
Et en ce mois de janvier, je me suis également dit qu’il était de rigueur de parler des « bonnes résolutions » sous mon angle de prédilection : la dimension écologique.
Oui, moi aussi, je succombe à la tendance (pour ne pas dire à ce marronnier)… Mais, même si vous commencez à en avoir marre, ne partez pas tout de suite !
Car j’ai bien l’intention, au contraire, de remonter le sujet à contre-courant.
En effet, comme vous n’êtes pas du genre à faire les choses à moitié, peut-être l’idée de prendre une grande résolution écologique en ce début d’année a-t-elle fait son chemin dans votre esprit…
Or, à moins de faire partie des derniers écolo-septiques de la planète, vous vous avez certainement déjà mis en place un certain nombre de pratiques en accord avec vos valeurs durables dans votre quotidien.
Si cette année, vous avez en plus accepté la mission la joie de célébrer un grand événement de vie (mariage, baptême, anniversaire) qu’il vous faut préparer de A à Z, vous avez très probablement prévu d’appliquer certains de vos préceptes à ce grand jour.
Cependant, si vous vous êtes reconnu(e) dans le portrait que je viens de dresser, je suis convaincue qu’en rajouter une couche avec une « bonne résolution », est certainement… la pire idée qui soit.
Pourquoi ? Parce que, au stade où vous en êtes, vous rajouter une pression supplémentaire en écoutant les sirènes de la productivité qui vous poussent toujours à repousser plus loin vos limites, est en fait probablement le meilleur moyen de vous épuiser et de vous décourager.
A l’heure où il est quasiment impossible d’échapper à la tradition des résolutions, qui se donne désormais en exemple au travers de micros-trottoirs radio et de publications d’influenceurs Instagram à longueur de journée, je pense qu’une injonction supplémentaire à devenir « la meilleure version de vous-mêmes » (et à vous comparer aux autres au passage) serait malvenue.
C’est pourquoi je vous propose cette semaine 3 « anti-résolutions » écologiques pour survivre une année de plus avec vos projets tous azimuts, et votre envie de bien faire, sans imploser.
On démarre avec la première d’entre elles, qui consiste donc à prendre directement le contre-pied de la tendance, avec « l’objectif » suivant : ne se fixer aucun nouvel objectif « absolu » en 2020.
Anti-résolution n°1 : Ne vous fixez aucun nouvel objectif « absolu »
Janvier est souvent le mois où on est tenté de relever un « défi » : l’année précédente, le challenge le plus populaire était de s’engager à consommer toute une année en n’achetant « rien de neuf » (ce qui rimait parfaitement avec « en 2019 »).
Bien d’autres possibilités se présentent en 2020 : devenir Zéro Déchet (ZD pour les intimes), acheter « 100% local », etc.
Si on sent qu’on n’est pas très impliqué, qu’on a du mal à s’y mettre et qu’on ferait bien de se faire une petite violence pendant un temps limité (ou qu'on veut, si on est un groupement militant, frapper un grand coup pour éveiller les consciences), pourquoi pas.
Mais si on est dans une démarche globale de recherche de sens (ou de long terme), j’ai envie de dire : surtout pas.
Personnellement, cela me rappelle mes années de master de gestion de projet, pendant lesquelles mes professeurs de management adoraient nous parler à quasiment chaque cours des objectifs « SMART » ; Spécifiques, Mesurables, Acceptables, Réalistes et Temporellement définis.
Si on est dans une démarche de productivité (ou de court terme), ces indicateurs sont in-dis-pen-sa-bles pour savoir si on a objectivement atteint ou non un objectif, et pour trouver le cas échéant des pistes d’amélioration.
Or, ce qu’on oublie souvent, c’est que le principe de ce type d’objectif qui permettent de savoir facilement et objectivement si on a atteint le point visé est simplement, dans ce cadre, de servir de marche pour atteindre le suivant.
Et le suivant, et le suivant, et… ainsi de suite.
Pour un individu, si de petits objectifs simples peuvent être stimulants sur une courte période, pour se prouver qu’on a plus de ressource que ce qu’on pensait, il est primordial de garder à l’esprit que le « zéro déchet » ou le « 100% local » sont vraiment des objectifs loin d’être simples à mettre en place dans un quotidien déjà chargé.
Pour tenter une analogie, c'est un peu comme si on vous proposait : "faire 20 minutes de sport chaque jour en janvier". Même si vous êtes novice en sport, vous pouvez vous dire qu'avec un peu de motivation, c'est tenable. Mais si on vous proposait à la place le défi "devenir body-builder en 2020"... vous hésiteriez un peu à le relever, non ?
Ce serait un peu radical, voire décourageant...
"Devenir zéro déchet", à mes yeux, c'est pareil : cela ne consiste pas simplement à faire ses courses en vrac et coudre des lingettes démaquillantes lavables.
C'est ce que je veux dire quand je parle d'objectif "absolu". Je regroupe en effet ces objectifs sous ce terme dans le sens où ils portent, dans leur formulation même, une idée de radicalité (« rien », « zéro », « 100% »…) et qu'ils sont des philosophies de vie.
En réalité, ces objectifs "absolus" sont éminemment complexes :
- Ils ne sont pas des objectifs en eux-mêmes, mais des idéaux à viser ;
- Les vivre comme une contrainte ou un « challenge » ne permettra pas une transformation profonde de son mode de vie !
A mes yeux, la mécanique de ces fameux défis pris en janvier pour « changer sa vie » (donc être appliqués à long terme) est exactement la même que celle des régimes draconiens : irréalistes par définition et intenables sur le long terme (et fortement générateur d’émotions négatives : frustration, craquage, perte d’estime de soi, etc.).
Et ça se complique encore si vous voulez les appliquer à grande échelle, par exemple pour un événement, car cela ne dépend pas que de votre bonne volonté !
Si vous avez décidé, au hasard, de placer votre mariage sous le signe du ZD, prenez une grande inspiration, fermez les yeux, et… acceptez que ce ne sera pas « zéro ».
Vous ne parviendrez pas à terminer votre fête en n’ayant généré aucun déchet, aucune pollution.
Même si les poubelles de la salle finissaient (pratiquement) vides le lendemain, cela signifierait simplement que vos invités les auraient jeté ailleurs !
Peu importe comment, ces déchets existeront, c’est mathématique.
Les tenues de vos invités commandées sur internet auront été déballées chez eux ; ceux qui auront opté pour la location dans une boutique physique seront au moins passés les chercher d’une façon ou d’une autre…
Les fumeurs auront utilisé leurs cendriers de poche avant de les vider chez eux…
Le traiteur aura géré l’emballage (même recyclable) de ses produits directement à leur livraison à ses cuisines…
Etc., etc.
D’une manière ou d’une autre, ces déchets ne seront peut-être pas visibles sur place mais, quelque-part entre le tout début de la conception d’un produit et son utilisation finale, il y aura au minimum eu extraction de matière, consommation d’énergie, et transport.
Et cela a un impact.
Le simple fait d’exister (fastueusement ou non) produit un impact.
Il est juste matériellement impossible de faire autrement.
Et le risque principal à mes yeux, encore plus pernicieux qu’un éventuel découragement en cas de sentiment d’échec est, à l’inverse, en cas de réussite (forcément temporaire car, je rappelle, il est question de passer ensuite à un nouvel objectif), de s’épuiser littéralement dans une recherche (vaine) de perfection et de s’y oublier complètement (parfois jusqu’à la pathologie).
Alors qu’est-ce qui est le plus tenable (et peut-être aussi le plus efficace) : se concentrer sur un seul aspect du problème jusqu’à atteindre la perfection, avant de passer au suivant, puis au suivant… jusqu’à l’infini ?
Ou bien…
Abandonner ce mode productiviste de pensée et se tourner vers une approche globale.
On commence en effet aujourd’hui à entendre un peu moins parler du zéro déchet, du 100% local, et davantage d’un autre mode de fonctionnement : le « low impact » (impact faible).
Arrêter de chercher la perfection dans un domaine, accepter que les conséquences existeront, chercher simplement à les minimiser de manière générale.
Cette approche, en plus d’aider à abandonner le principe de quête d’absolu, vous permettra de trouver des compromis auxquels vous n’auriez pas pensé forcément.
Par exemple, vous voulez du 100% local, mais la robe de mariée de vos rêves est made in Bangladesh (et vous n’avez pas les moyens de passer par une couturière (peut-être qu’en fait, si, d’ailleurs, mais c’est un autre sujet !) ? Voyez si vous pouvez la trouver en seconde main sur un site français, voire dans un dépôt-vente de votre ville : vous éviterez ainsi la production d’une nouvelle robe de l’autre bout du monde !
Cessez donc de penser l’écologie en termes de perfection à atteindre dans un domaine, puis un autre, puis un autre…
Cessez de vous jeter à corps perdu dans des solutions prétendument simples à un problème complexe dont vous faites, que vous le vouliez ou non, par votre existence-même, partie.
Ce sont, à mon avis, des leurres dangereux (encore une fois : dans le cas où vous vous sentez déjà tellement concernés par l’enjeu écologique que vous avez investi de nombreux aspects de la question, et que la saturation vous guette – voire, vous a déjà touché(e)).
Refusez, donc, de vous rajouter la moindre pression supplémentaire par la prise d’une résolution, toute « bonne » soit-elle.
Voici la première « anti-résolution écologique » que je vous propose ! Si celle-ci vous a plu et que vous avez envie d’aller plus loin, je vous donne rendez-vous demain pour la suite du programme.
Il sera notamment question de se faire confiance et… de renvoyer la balle aux détracteurs !
A très vite !
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